De Grand Coude au Pas des Sables par le sentier maron
- Gilbert La Porte
- 24 juin
- 6 min de lecture
Par Gilbert La Porte
Doit-on dire marron ou maron ? Le maronage - avec un seul r - indique le retour à la liberté, qu'il s'agisse d'humains ou d'espèces végétales ou animales. Marron avec deux r, est une couleur ou une sorte de châtaigne. Point - barre.
Pour ce qui nous concerne, le fameux sentier maron que nous vous proposons pour la deuxième fois après quatre ans d'emprunter le samedi 5 juillet 2025, répond au premier critère. Car il fut conçu et utilisé initialement par les habitants du village de Grand Coude, situé dans les hauts de la Commune de Saint Joseph, pour se libérer de la contrainte de la route et se rendre au massif du Piton de la Fournaise tout proche - à vol d'oiseau, bien sûr. Mais même en empruntant leur sentier de la liberté, il n'y a qu'une dizaine de kilomètres au lieu de près de 100 par les routes qui les emmènent jusqu'au littoral pour faire le tour par Le Tampon ! Sentier maron donc, arrêtons d'écrire marron dans ce cas. Car, même si roches, troncs d'arbres et sols par endroits ont cette couleur, le décor est multicolore avec une prédominance de toutes les nuances de vert.
Ce préalable étant posé, nous vous emmenons sur ce sentier de la liberté, pour aller de Grand Coude jusqu'au Pas des Sables, l'entrée de la Plaine du même nom.
COTATION FEDERALE :
IBP Index 95
Difficulté de la randonnée :
Pour marcheurs aguerris.
Durée : 7 h 00 (comprenant les pauses)
Longueur : 12 km
Dénivelé positif : 1292 m / Dénivelé négatif : 122 m
Point de départ de la randonnée
Au fond du village de Grand Coude, prendre à gauche à une intersection en T. Rouler jusqu'au bout de cette rue et se garer sur le parking spécialement prévu pour le départ du sentier maron.
Nous avons prévu un transport en bus, car l'arrivée se situe au Pas des sables. Sauf à se faire déposer puis reprendre à l'arrivée en voiture, le bus sera quand même le moyen de transport le plus approprié.
La carte du parcours
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Notre parcours
L'itinéraire
Nous allons traverser au cours de notre sortie deux types de végétation de La Réunion : d'abord une forêt humide de moyenne altitude, puis, à partir de la Plaine des Remparts, planèze située à 2236 m d'altitude, une zone d'apparence plus aride avec une végétation altimontaine. Le changement de décor est soudain, comme un coup de théâtre.
Mais revenons au début de cette belle aventure.
Cette aventure se mérite car il faut nous rendre à ce village tranquille et qui a gardé toute son authenticité, tant par la et les cultures que ces habitants perpétuent, et par son extrême solitude que sa position unique entre rivière des Remparts et rivière Langevin lui confère. Nous nous efforcerons de repecter ce cachet et d'emprunter le sentier maron à l'extrémité nord-ouest du village. Nous prenons la direction du haut des remparts de la rivière du même nom, à 700 m au-dessus de son lit. Puis nous suivons vers le nord pour traverser un espace autrefois envahi de raisins marons et qui fut libéré par le travail acharné initial des habitants du village. Puis la Commune de Saint Joseph et l'ONF gestionnaire des forêts départemento-domaniales ont réalisé le magnifique ouvrage que vous allez découvrir. Le balisage (traits blancs) pourrait nettement être amélioré ; cependant, l'aménagement de ce sentier avec ses marches, les échelles en alu bien arrimées sur les parois rocheuses, les panneaux indicateurs dont au moins un de mémoire comporte même une traduction en anglais, est un chef d'oeuvre en la matière.
Au bout de 2 kilomètres de ce cheminement, nous arrivons à l'orée de la forêt, où une station de biosécurité - il y en aura quatre tout au long de notre parcours du jour - nous invite à nous débarasser des graines d'espèces exotiques envahissantes (EEE) que nous pourrions transporter accrochées à nos semelles. Nous frottons soigneusement nos semelles avant d'entrer dans la forêt qui regorge d'espèces indigènes et endémiques de La Réunion qu'il faut préserver des invasions. Vous pouvez les cueillir tant que vous voudrez, mais avec votre appareil photo seulement ! Nous nous enfonçons de plus en plus au milieu d'une végétation luxuriante, descendant et remontant moultes fois des ravines plus ou moins profondes et chargées d'eau en fonction du temps qu'il a fait la veille ou la nuit.
Le terrain est très souvent humide dans cette forêt, avec des racines auxquelles il faut faire attention pour éviter les glissades. Le sentier est plutôt bien entretenu et balisé d'une trace blanche. Sauf à un - seul - endroit, où lors de la reconnaissance, nous n'avons pas vu que notre sentier avait pris la tagente à droite alors que nos avons poursuivi sur la fausse piste qui partait tout droit. D'où l'importance extrême de faire une reconnaissance pour éviter d'embarquer nos randonneurs sur de fausses routes. Le lieu a été repéré, cela ne nous arrivera pas une seconde fois le 5 juillet.
Nous continuons ainsi sur notre sentier et ses balises blanches jusqu'à l'altitude 1500 où nous traversons le dernier ruisseau alimentant le Bras de Dimitile qui va se jeter dans la rivière des Remparts. Une halte s'impose ici : elle est technique et énergétique. A partir de cet endroit, nous allons affronter très concrètement les hostilités des marches interminables qui vont nous conduire jusqu'à la planèze de la Plaine des Remparts, située 700 m plus haut. La montée est quasiment ininterrompue, mis à part de courts répits en faux plats.
Un point de vue se présente à un moment sur le fond du Bras de Mahavel, que nous aurions tort de snober, car il offre une pause salutaire dans cette montée interminable de marches. Il nous encore près de 400 m de dénivelé positif à gravir jusqu'à la planèze. Et entre-temps, nous rencontrerons deux échelles en descente, pas trop difficiles à franchir, mais aussi quatre autres en montée. Au terme d'une dernière portion de cette lente ascension de plus en plus abrupte, nous nous hissons littéralement au bord de la planèze. Pause casse-croûte s'impose à ce moment et à cet endroit. La vue est magnifique sur Piton des Neiges, Grand Bénare... Nous sommes heureux d'avoir fait cette portion technique et sportive.
Ce qui va suivre est moins sportif mais non moins technique jusqu'au Morne Langevin que nous atteignons en une demi-heure. Le terrain est rocheux, nous progressons au milieu de blanles blancs qui illuminent le paysage. Puis un panneau indicateur nous donne le choix entre aller vers le Pas des Sables ou faire un détour pour admirer le point de vue depuis le Morne. Nous décidons de faire les 70 mètres restant jusqu'au point de vue. Avec un peu de chance et un ciel dégagé, nous aurons là une vue saisissante du battant des lames jusqu'au sommet du Piton de la Fournaise !
Nous avons fait le plus éprouvant de cette sortie. Nous nous dirigeons maintenant vers la sortie, située une heure trente plus bas. La nature du sol est beaucoup moins hostile, fait de lapillis ou de sable volcanique. Plus nous avançons et plus la Plaine des sables se découvre quelques centaines de mètres plus bas.
Et soudain, au détour d'une petite butte, le parking du Pas des sables apparaît. Il nous reste à peine 50 mètres pour nous retrouver au parking où nous attend le bus du retour.
Fin de randonnée.
POINTS D’INTERETS :
Biodiversité
Forêt humide de moyenne altitude
Forêt altimontaine
Vue sur le Bras de Mahavel
Vue sur les plus hauts sommets de l'île
Equipement nécessaire
Un sac à dos comprenant le fond de sac habituel : sifflet, couverture de survie, lampe frontale, crème solaire (nécessaire à partir de la planèze
De bonnes chaussures de randonnée avec des semelles anti-dérapantes
Bâtons de marche conseillés, avec leurs embouts en caoutchouc pour préserver les sentiers
2,5 l d'eau + une boisson énergisante
1 vêtement de pluie
1 vêtement chaud + gants (il fait très froid au fur et mesure qu'on monte en altitude)
Casquette/Chapeau/Bonnet
Lunettes de soleil
Une trousse avec vos médicaments
Du produit anti-moustique (gare au chik)
Du grignotage
Le casse-croûte du midi
Un t-shirt de rechange pour la fin de la randonnée
Crédits photos : Gilbert La Porte
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